Selon le ministre de l’Intérieur, B. Cazeneuve, le chiffrement serait une menace pour la démocratie. Il serait une arme puissante pour le terrorisme. En duo avec son homologue allemand, il lance un appel à l’Europe.
Chiffrement, un fléau ?
La lutte contre le terrorisme serait en difficulté face à l’usage du chiffrement par certaines applications de messagerie. Bernard Cazeneuve souhaiterait que ces services coopèrent avec les autorités lors d’enquêtes concernant le terrorisme. Avec son homologue allemand il lance une « initiative européenne ».
L’objectif est de faire accepter que les sociétés derrières ces services de messagerie chiffrées soient soumises aux même règles que les opérateurs télécoms européens face aux exigence des autorités. Ceci concerne naturellement les enquêtes antiterroristes.
Ainsi la Commission européenne a été sollicitée par les deux gouvernements au sujet d’un encadrement juridique de ces réseaux de messagerie électronique chiffrée.
A ce sujet, le ministre de l’Intérieur Français considéré le chiffrement comme une sorte d’ennemi nécessitant d’« armer véritablement nos démocraties sur la question ». Il souligne
« Les échanges de plus en plus systématiques opérés via certaines applications, telles que Telegram, doivent pouvoir, dans le cadre des procédures judiciaires, être identifiés et utilisés comme des éléments de preuve par les services d’investigations et les magistrats ».
Prise de contrôle sur le chiffrement, attention danger ?
Cette vision n’est cependant pas partagée par tout le monde. Le chiffrement est à la base de la sécurité des échanges cryptés. Selon l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi).
« Il est techniquement impossible d’assurer que ce dispositif ne bénéficiera qu’aux personnes autorisées […] L’ensemble des experts, dont ceux de l’Anssi, s’accordent sur le fait que l’affaiblissement des mécanismes cryptographiques ou bien l’introduction volontaire de mécanismes de contournement sont systématiquement susceptibles d’être exploités par des attaquants aux profils variés ».
L’accès aux données cryptées est tout aussi mal vu par la commission nationale de l’Informatique et des Libertés, la Cnil. Dans une tribune publiée le 22 août dans Le Monde, Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la commission expliquait
«Chaque jour, le chiffrement protège des milliards d’individus contre des cybermenaces qui se font toujours plus redoutables […] C’est grâce au chiffrement que nous pouvons effectuer un virement bancaire en toute sécurité […] C’est grâce au chiffrement que nous pouvons stocker nos données de santé dans un dossier médical partagé (DMP) en ligne. C’est également grâce à cet outil que les investigations sur les Panama Papers ont été possibles »
Le courrier simple non chiffré serait alors aussi une menace pour la démocratie.
Ils se sont fait pirater des données sur un sous-marin et ils veulent quand même supprimer, oups pardon contrôler le chiffrement ?… Ai-je besoin de dire ma façon de penser ?