Depuis son lancement Free Mobile a été la cible de critiques dont l’une porte sur les conséquences de sa politique Low Cost avec à la clé la destruction de nombreux emplois. Pour Free, c’est tout le contraire, Free Mobile est une partie du remède contre le chômage en France. Selon Bruno Deffains, professeur à Paris-II et président de l’European Association of Law and Economics, les arguments avancés sont discutables. Explications.
L’ARCEP, le régulateur des Télécommunications, estime que l’arrivée de Free Mobile sur le marché de la téléphonie pourrait être à l’origine de la destruction de 10 000 emplois chez la concurrence. Ce chiffre a été évoqué en mars 2012 par Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep «l’ordre de grandeur cité par les analystes pourrait être de 5.000 à 10.000 emplois supprimés en brut».
Free Mobile n’est alors pas resté muet et a livré son étude pour répondre à des attaques répétées sur la question et rassurer le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui estime que l’arrivée de Free Mobile avait eu « des conséquences sur les opérateurs, sur la sous-traitance, sur les fournisseurs ». Les conclusions évoquent en 16 000 et 30 000 emplois créés dans les autres secteurs de l’économie.
Pour Bruno Deffains, les hypothèses utilisées par l’étude de Free Mobile sont discutables. Le sujet de la transformation des économies réalisées sur les factures téléphoniques en une création d’emplois dans l’économie nationale n’est pas si simple à prouver.
La Téléphonie mobile est un bien système.
Il souligne que « la téléphonie mobile est un « bien système » » c’est-à-dire qu’entre un forfait, un smartphone ou l’achat d’applications, il y a un vase communiquant. Chaque économie réalisée dans un secteur est injecté en partie dans un autre « toute baisse de prix sur un des composants (l’abonnement mobile) augmente fortement la demande des services complémentaires ». Dès lors que nous parlions de terminaux ou de logiciels nous avons affaire à des produits importés avec la conclusion inévitable « l‘essentiel des profits est capté par des sociétés comme Apple ou Google, qui échappent à la taxation (via le Luxembourg ou l’Irlande…). Ces achats de services et de biens complémentaires numériques n’ont donc pas les effets multiplicateurs escomptés sur l’économie française et sur l’emploi induit ».
Les économies annoncées proviennent de la vente séparée des terminaux.
En second lieu, il souligne « L’étude néglige cependant le fait qu’une large part de la baisse des factures mobiles initiée par Free provient de la vente séparée des terminaux». Devant les 1,7 milliard d’euros rétrocédés aux consommateurs annoncés par Free se sont « 70 % du gain de pouvoir d’achat » qui seront réinjecté « sous forme d’achat de terminaux » annonce Bruno Deffains tout en soulignant « un secteur non créateur d’emplois pour l’économie nationale ».
En temps de crise, l’épargne bat son plein.
Enfin la troisième remarque touche à l’état économique de notre pays où la morosité devrait contribuer à augmenter le taux d’épargne. Il est dès lors pressenti qu’une « bonne partie du pouvoir d’achat injecté grâce à la baisse de la facture mobile va probablement se répartir entre achats de terminaux et épargne supplémentaire sans créer les emplois escomptés ».
Au final Bruno Deffains conclue que le « quatrième opérateur mobile ne produira pas les effets positifs attendus dans une économie française déprimée et non compétitive pour la production de terminaux ». Selon lui la guerre tarifaire qui s’est enclenché depuis l’arrivée de Free Mobile est à l’origine d’un “processus de destructions d’emplois non immédiatement compensées par des créations au moins équivalentes“.