Les Smartphones fonctionnent aujourd’hui sur deux grandes plateformes, Android et iOS. En quatre ans Google a su rattraper son retard face à Apple pour désormais s’accaparer la grande majorité des parts de marché. Ce succès est pour certains à relativiser, car à leurs yeux, il n’est question que d’une une version « low cost » face à la référence (iPhone,) pour d’autres comme Guilhem Duché, Responsable mobilité Gfi Rennes, “La réalité est en fait bien différente”. Explication.
Apple est incontestablement une marque unique capable de révolutionner un domaine. La sortie de l’iPhone durant l’été 2007 est un parfait exemple. Avec un unique produit, la firme a relégué d’un seul coup les références Blackberry de RIM et celles de Nokia au rang d’antiquités. La recette tient en deux points « une interface tactile multipoint aussi originale » et « un modèle de distribution sur cette plateforme particulièrement novateur ». Il aura fallu un peu de temps à Google pour réagir (presque deux ans) avec la sortie de la première version de son système d’exploitation mobile Android en avril 2009.
Guilhem Duché souligne « Android a fait preuve de réelles qualités et spécificités. Tout d’abord, Google a su reprendre les standards imposés par la révolution iPhone : une navigation aisée tirant profit des écrans tactiles, un ensemble logiciel convainquant couvrant les fonctionnalités de base attendues par les utilisateurs de smartphones (web, e-mail, multimédia…), enfin un kit de développement complet et une plateforme de distribution permettant aux développeurs de tirer profit de leurs applications. »
Toutefois une réussite ne se traduit pas seulement par une copie améliorée de l’original. Google a su aussi apporter quelques spécificités qui apportent une réelle différence face à Apple.
- Android est un système d’exploitation ouvert.
« Là où Apple vend le matériel (l’iPhone) et le système d’exploitation (iOS), Google ne fait que fournir un système d’exploitation que les constructeurs (Samsung, HTC…) peuvent gratuitement intégrer dans leurs Smartphones. Cela a permis l’émergence de formats de Smartphones variés, mais aussi la création de gammes tarifaires pour tous les consommateurs. Le smartphone devient accessible. » - L’Android Market est plus vivant que l’AppStore.
« Là où la publication d’une application iPhone est soumise à validation d’Apple, la publication sur l’Android Market est plus libre et son accès moins coûteux. Cette ouverture est d’autant plus intéressante qu’il n’est pas obligatoire de passer par l’Android Market pour installer une application. Ceci permet l’émergence d’autres sources d’applications comme l’Amazon Appstore par exemple. » - Facilité de programmation.
« Le choix du langage Java en fait une plateforme facile d’accès au premier abord pour beaucoup de développeurs et permet la réutilisation de librairies de l’écosystème Java. » - Ergonomie travaillée, bureau virtuel et implantation des succès de Google.
« Android présente des spécificités ergonomiques appréciées parmi lesquelles la barre de notification affichant à tout instant l’état du téléphone ainsi que des informations pertinentes pour l’utilisateur, et l’utilisation de bureaux virtuels : l’utilisateur peut personnaliser l’interface et y ajouter des widgets comme il le ferait sur son ordinateur. Les services à succès de Google sont très bien intégrés au téléphone : Gmail, Gtalk… » - Un cycle de développement très rapide.
« Si l’on ajoute à cela le cycle de développement et d’évolution rapide choisi par Google, on se trouve en présence d’un système qui est en perpétuelle évolution afin de correspondre au mieux aux attentes des utilisateurs et aux besoins du marché. C’est d’ailleurs le cas de la nouvelle version d’Android, la 4.0, qui apporte encore son lot d’innovations avec par exemple la reconnaissance faciale pour débloquer son téléphone, ou encore des améliorations conséquentes pour échanger des données par le biais des NFC (communication sans contact). Terrain particulièrement innovant sur lequel Apple a délibérément choisi de ne pas se positionner. »
Android n’est plus un concurrent mais un Leader.
Aujourd’hui Android n’est plus un concurrent mais un leader sur le marché mobile. Google affirme que 550 000 activations de périphériques Android sont réalisées chaque jour. Aux Etats-Unis, les téléphones sous Android dépassent les 50% de parts de marché contre 29% pour iOS. Dans le monde, cette plateforme s’accapare 48% des ventes de smartphones. Mieux encore, Android tisse une toile sur bien d’autres appareils comme les tablettes et les télés connectées à l’instar d’Apple avec l’iPad et l’Apple TV.
Android un succès mais une complexité.
Google doit aujourd’hui faire face à plusieurs impératifs apportant de la complexité dans le développement de sa plateforme comme la multiplication des types de périphériques (smartphones, les lecteurs multimédias (baladeurs audio/vidéo), les tablettes ou encore les télévisions), de nombreuses versions d’Android, une grande disparité sur le matériel à gérer : différentes résolutions d’écrans, présence ou non d’un GPS, d’un accéléromètre, puissance du processeur variable puisque chaque constructeur est libre sur le matériel qu’il intègre.
Il découle de tout ceci que le développement d’une application se complexifie inévitablement. Une entreprise éditrice se doit d’avoir une stratégie globale vis-à-vis de la mobilité en intégrant tous les paramètres que nous venons de citer.
Bref Android n’est pas une version low cost d’iOS. Des similitudes existent mais les chemins divergent sur bien des points. Le choix de l’ouverture par Google est l’une des clés du succès permettant une grande liberté des constructeurs où l’innovation devient plurielle. Cependant, ce choix a des conséquences de complexité graduelle dans le temps. Google avec Ice Cream Sandwich l’a bien compris. Cette version 4.0 apporte de la simplification avec une base commune pour de nombreux appareils (Smartphones, tablettes…). Si l’avenir paraît radieux, la réussite doit conserver fiabilité, ergonomie et stabilité soit les trois piliers d’Apple.