Que l’attente aura été longue, mais – enfin – les cartes graphiques Arc sont arrivées en France et si Intel ne les distribue pas de manière très large, nous pouvons compter sur certains de ses partenaires. C’est ainsi que Predator nous a fait parvenir la plus puissante des Arc, l’A770 dans une version qui change sensiblement de la mouture Intel.
Sommaire
Si vous suivez un minimum l’actualité de la carte graphique, vous n’êtes pas sans savoir que l’Arc A770 n’est pas un modèle haut de gamme capable de concurrencer les dernières GeForce RTX 4000 ou les Radeon RX 7000. En réalité, elle n’est pas davantage en mesure de tenir tête aux plus puissants modèles de la génération précédente, mais devrait représenter un très honnête milieu de gamme.
Chez Intel, on sait qu’un retour sur le marché de la carte graphique ne se fera pas en claquant des doigts. De fait, Arc Alchemist n’est que la première génération de GPU dont on connaît déjà les évolutions : Battlemage, Celestial et Druid. Pour Alchemist, il est question de deux GPU déclinés en quatre variations depuis l’A380 jusqu’à notre A770 en passant par les A580 et A750.
L’A770 est basée sur le plus puissant de ces GPU, l’ACM-G10. Gravé en 6 nm par TSMC avec un die de 406 mm², il totalise 21,7 milliards de transistors et tourne à 2,2 GHz. Côté architecture, le GPU se repose sur les Xe-Core largement présentés par Intel. Dans notre cas, il est question de 32 de ces cœurs pour un total de 512 unités XMX particulièrement à l’aise dans tout ce qui touche à l’intelligence artificielle.
Intel met aussi l’accent sur l’encodage/décodage vidéo en précisant que son architecture prend en charge le très populaire codec AV1. À ce niveau, Intel insiste sur Hyper Encode qui permet de profiter de l’association d’un CPU et d’un GPU Intel pour améliorer les résultats. Nous y reviendrons au moment de tester les performances de la carte, Intel fait aussi la promotion de l’XeSS, une fonction de super-échantillonnage qui doit concurrencer le DLSS de NVIDIA et le FSR d’AMD.
Avant de passer à la façon de voir les choses d’Acer, il nous faut préciser que l’A770 existe théoriquement en deux versions dotées de 8 ou 16 Go de mémoire vidéo. En réalité, la plupart des cartes sont livrées avec 16 Go de GDDR6 sur un bus d’interface 256-bit. Enfin, alors que la connectique externe se compose de trois DisplayPort 2.0 et d’un HDMI 2.1, les ports sont logiquement dédiés à l’alimentation de la carte : deux ports 8 broches sont ici de mise.
Si les partenaires d’Intel ne semblent pas aussi nombreux que ceux d’AMD ou NVIDIA, l’Américain peut au moins compter sur le soutien de Predator, lequel a décidé de ne proposer qu’un seul modèle de carte.
Laissant de côté toutes les « petites » variantes d’Arc Alchemist, Acer se focalise donc sur l’A770 avec cette Predator Bifrost Arc A770 OC.
Si vous connaissez un tout petit peu Acer, le nom de Predator ne vous surprendra pas le moins du monde : il est déjà largement utilisé pour assurer la promotion des PC et des laptops gaming de la marque. Compte tenu de l’orientation jeu vidéo de cette carte graphique, il était logique de la voir intégrer la gamme avec, nous l’avons dit, un design qui change sensiblement de celui d’Intel.
Qu’il s’agisse de l’Intel A770 LE ou de notre Predator Bifrost A770 OC, les deux cartes sont pourtant de taille comparable : 26,7 centimètres de long pour 11 cm de large sur l’Intel et 11,6 sur l’Acer. De fait, il s’agit de modèles relativement compacts qui, d’ailleurs, n’occupent « que » deux emplacements PCI Express et se contentent d’une double ventilation.
Chez Intel, on trouve deux ventilateurs identiques de 90 millimètres alors que Predator se repose sur un système original issu des multiples brevets déposés en la matière : il combine un Aeroblade 3D de 5e génération et un Frostblade 2.0.
Classique, ce dernier est un ventilateur « haute performance » notamment fait de fibre de verre pour limiter les vibrations. Il mesure 92 mm et ses pales sont « arquées » pour améliorer la pression statique.
Avec un petit côté blower qui rappellera des souvenirs à certains, l’Aeroblade 3D est un ventilateur entièrement en métal qui dispose « des pales métalliques les plus fines au monde » : à 0,1 mm, elles permettent à Acer d’en installer bien plus que la concurrence (59) pour une circulation d’air plus importante, encore renforcée par l’ajout d’une ailette axiale incurvée à proximité du moyeu.
Vous pouvez le voir sur les différentes photos de notre article, l’Arc A770 selon Acer est un peu plus travaillée que le modèle d’Intel, mais moins sobre aussi. Une relative exubérance qui ne se remarque donc pas dans les dimensions de la carte, mais plutôt dans son habillage. Au sortir du carton, il n’y avait pourtant pas vraiment lieu de s’esbaudir.
En réalité, le terme « exubérance » prend davantage de sens une fois la carte installée et le système en route. On remarque alors la présence de LED RVB au niveau du logo Predator, sur la tranche, et encore plus notable, au niveau du Frostblade 2.0.
Il est intéressant de noter que l’Aeroblade 3D est dépourvu de toute LED, mais sa structure métallique réfléchit la lumière de son voisin.
Le Frostblade 2.0 est donc largement pourvu en LED et, par défaut, les illuminations sont cycliques recouvrant l’intégralité des pales. Bien sûr, la chose est entièrement paramétrable, cela se fait au travers du logiciel Predator Bifrost que l’on installe, le plus simplement du monde, depuis la clé USB fournie : en revanche, le soft est difficile à trouver sur le site officiel, mais ça ne devrait pas durer.
Predator Bifrost se range parmi les bons logiciels compagnons. Son interface agréable regroupe les fonctions essentielles via cinq onglets : l’accueil pour ajuster la puissance du GPU / la vitesse de la ventilation, l’onglet éclairage pour gérer les LED, la partie surveillance pour avoir, en temps réel, un suivi des principales composantes de la carte, l’OSD pour afficher dans un coin de l’écran ce que l’on veut toujours avoir à l’œil et, enfin, les paramètres pour configurer l’application.
Soulignons que Predator Bifrost ne remplace pas le moins du monde l’Arc Control d’Intel. Celui-ci est un soft plus proche de ce que peut proposer AMD. En quatre parties, on dispose d’un outil de mise à jour des pilotes, d’un module de configuration des jeux afin d’en profiter dans les meilleures conditions, d’une partie consacrée aux performances afin de personnaliser les choses et, enfin, d’un onglet studio qui vise à offrir des options de streaming avancées.
Acer Predator Bifrost Intel Arc A770OC – les spécifications
Nous l’avons dit, l’Arc A770 n’est pas une carte haut de gamme, elle n’est donc pas conçue pour le jeu en 4K. Pour autant, afin de vous permettre d’en juger par vous-mêmes, nous avons tout de même conduit nos tests dans cette définition d’image. Des tests pour lesquels nous avons utilisé les pilotes graphiques Intel 31.1.101.4090, les derniers disponibles au moment de nos essais.
Plateforme de test :
Jeux vidéo :
Benchmarks :
L’ensemble du monitoring est assuré par GPU-Z. Nous avons torturé la carte graphique durant 10 minutes en sollicitant au maximum son GPU. Les tests sont faits à l’air libre afin de faire abstraction des performances de refroidissement du boitier. La température de la pièce est de 23°C.
Plutôt que de reprendre le système de référence d’Intel, nous avons vu qu’Acer a largement revu le refroidissement de sa carte graphique. Un refroidissement qui laisse le GPU atteindre au plus fort de son activité les 76°C, mais sans jamais pousser les ventilateurs à plus de 44% de leur vitesse maximale.
En d’autres termes, le soin apporté par Predator sur le système de refroidissement porte ses fruits. Les recherches réalisées en la matière laissent une marge de manœuvre considérable pour pousser le GPU plus haut sans risquer une quelconque surchauffe.
Pourquoi Acer n’a-t-il pas prévu de fonctionnement Fanless comme toutes les cartes récentes ? Est-ce une limitation technique liée à l’Arc A770 d’Intel ? Reste qu’au repos, il faut coller l’oreille au boîtier pour distinguer l’infime ronron de la ventilation. En burn, c’est une autre histoire et on est nettement au-dessus de la plupart des concurrentes sans toutefois être dramatique.
Avant même la sortie officielle de l’Arc A770, Intel avait largement mis en avant la consommation mesurée de sa carte et le modèle Predator d’Acer ne remet pas ceci en cause. Si le résultat en repos est un peu élevé, les performances en Burn sont assez remarquables avec un maximum relevé 234,8 Watts que l’on n’atteint pour ainsi dire jamais.
Remarque
Cette mesure de consommation correspond aux besoins minimal et maximal de la carte afin de pouvoir faire une évaluation globale de son cout d’exploitation et son empreinte carbone de fonctionnement.
Dans le détail, ses besoins énergétiques varient énormément selon le type d’exercice. L’enveloppe thermique (TGP) déclarée de 225 W est une information intéressante mais elle ne permet pas de détailler la consommation d’énergie en fonction des usages. En clair, son bilan énergétique n’est pas universel. Il varie en fonction des usages et des besoins.
Le TGP est la limite de puissance maximale pour la fréquence boost du GPU. Elle sera optimisée en fonction de cette limite mais également d’autres paramètres comme la température. Cette puissance peut être atteinte (c’est notre cas dans ce test) avec des applications très gourmandes.
Les consommations au repos et en burn permettent de calculer le coût annuel de fonctionnement et son empreinte carbone de fonctionnement.
Notre base de travail est une utilisation quotidienne de 6 heures par jour, 365 jours par an avec un tarif de 0,174 € le kWh facturé (tarifs réglementé métropole au 01/08/2022 d’EDF pour une puissance souscrite de 6 kVA).
L’indicateur EDF, en gramme d’équivalent CO2 pour la production de 1 kWh, est fixé à 21,6 grammes (période novembre 2020 à novembre 2021). Il est synonyme du taux de rejet de gaz à effet de serre induit par la production de l’électricité consommée.
Nous avons un cout d’exploitation à l’année compris entre 12 et 90 € pour une empreinte carbone de fonctionnement entre 1.6 et 11.1 kilogrammes d’équivalent CO2.
Nous ouvrons cette analyste des performances dans les jeux avec deux titres « références », les très populaires League of Legends et Minecraft. Compte tenu de l’orientation milieu de gamme de la carte Acer, il nous semblait très important de juger de son comportement face à ses best-sellers.
Sans grande surprise, la Predator Bifrost se comporte particulièrement bien sur League of Legends qui, il faut le reconnaître, n’est pas un monstre d’exigences. Alors que la carte est avant tout conçue pour le Full HD, notons qu’un tel titre pourra même être réglé en définition d’image 4K sans que le framerate ait à en pâtir. Sympa.
Pour Minecraft, le résultat est évidemment un peu moins glorieux, mais il n’y a guère de souci à se faire et le jeu de Microsoft tourne excellement bien, même en 4K avec plus de 120 ips de moyenne. Attention, les options RTX (Ray Tracing) mettent à mal ce bilan et, en Full HD, la fluidité n’est plus que de 78 ips de moyenne, c’est-à-dire avec des baisses sous les 60 ips.
De manière plus générale, l’Acer Predator Bifrost Intel Arc A770 OC est une carte qui ne décevra pas les amateurs de jeux vidéo… si tant qu’ils soient capables de se montrer raisonnables. Comme vous pouvez le voir, les résultats diffèrent pas mal en fonction de la « rusticité » du jeu considéré.
Des titres aussi exigeants que Cyberpunk 2077 ou Total War Warhammer 3 ne permettront pas de dépasser le Full HD tandis que Far Cry 6, Guardians of the Galaxy, Horizon Zero Dawn ou Shadow of the Tomb Raider seront parfaitement jouables en 1 440p. Mention spéciale enfin pour F1 22 qui, plutôt bien optimisé, reste très fluide même en 4K. Bien sûr, le Full HD reste la définition pour laquelle la carte est conçue.
Aujourd’hui encore, le Ray Tracing reste l’apanage des cartes NVIDIA et, même, des modèles les plus puissants du fabricant. Il n’est donc pas étonnant que notre Arc A770 ait toutes les peines du monde à faire tourner correctement nos jeux lorsque les options Ray Tracing sont activées.
Les résultats sous Cyberpunk 2077 ont un côté presque risible – moins de 10 ips en 4K – et Guardians of the Galaxy n’est pas suffisamment fluide même en Full HD. En revanche, il est intéressant de noter que Far Cry 6 – moins richement doté en effets Ray Tracing – reste jouable en Full HD avec toutes les options au maximum. Pas mal.
Nous l’avons déjà évoqué, Intel déploie, avec ses solutions Arc, son système de super-échantillonnage concurrent des DLSS de NVIDIA et FSR d’AMD. Le principe est similaire : le GPU rend le jeu dans une certaine définition d’image et le XeSS, en s’appuyant sur l’accélération matérielle et un algorithme basé sur l’IA, ajuste les choses pour que l’on profite d’une meilleure définition.
Nous ne jugerons pas ici de la qualité d’image obtenue tant les choses sont subjectives. Disons tout de même qu’en ultra-qualité, il est pour ainsi dire impossible de faire la différence avec le rendu natif alors qu’en équilibré, on peut déjà se considérer très proche de la qualité d’image en natif, tout en profitant d’une fluidité bien plus grande.
Contrairement à ce que met en avant Intel, l’XeSS réglé en ultra-qualité est moins fluide que le mode natif… en tout cas sur Shadow of the Tomb Raider. De fait, il ne nous semble pas utile d’opter pour ce réglage. En revanche, en équilibré on obtient un rendu déjà très proche du mode natif tout en augmentant nettement la fluidité de l’animation. Intéressant.
Il ne nous semble pas indispensable de décortiquer les résultats de nos outils de mesure synthétiques, mais les différentes scènes de 3DMark mettent tout de même en évidence combien l’Arc A770 offre des performances convaincantes dans à peu près tous les cas de figure… exception faite du Ray Tracing. Mettant l’accent sur cette technologie, le module Port Royal ne permet pas à l’A770 de briller.
Le Blender Benchmark illustre les capacités « en production » du GPU Intel. Ce n’est clairement pas l’objectif de cette Arc A770 et il n’y a rien de surprenant à ce qu’elle soit nettement distancée par les solutions NVIDIA. Notons qu’une Radeon RX 6950XT – pourtant considérablement plus puissante sur le papier – fait à peu près jeu égal sur deux des trois scènes.
Carte graphique Acer ARC A770 Predator BIFROST OC – A770/16Go/HDMI/DP – Cybertek |
489€99 |
D’emblée, il était clair qu’Intel n’avait pas les armes pour se frotter aux plus puissantes cartes signées AMD ou NVIDIA. Pour autant, les Arc Alchemist n’ont finalement pas à rougir de la comparaison avec des solutions proposées à tarif équivalent. Mieux, l’A770 se pose en véritable alternative sur le milieu de gamme et donne foi en l’avenir concernant les prochaines générations Intel.Le partenariat avec Acer aboutit de son côté à une Predator Bifrost Intel Arc A770 OC convaincante. L’intégration des composants Intel ne souffre aucune critique, la carte est esthétiquement plus réussie que le modèle de référence et les outils proposés permettent d’en régler la plupart des aspects de manière fine. On regrette qu’à son maximum de puissance la carte ne soit pas plus discrète et qu’aucun mode silence (ventilation coupée) ne soit de la partie, même lorsque la carte est au repos. Ce point peut peut-être trouver une solution via de nouveaux pilotes.La Predator Bifrost Intel Arc A770 OC représente une bonne alternative aux solutions AMD et NVIDIA pour quiconque cherche principalement à jouer en 1 080p ou, à la rigueur, en 1 440p. Bien sûr, il n’est pas conseillé d’activer les options de Ray Tracing ou de tenter l’aventure 4K : au même titre que la RTX 3070 par exemple, l’Arc A770 n’est pas conçue pour ça.
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