Politique et économie

Congo : les minerais du sang de la High Tech

La République démocratique du Congo s’est déchirée durant 5 années, de 1998 à 2003, dans une guerre sanglante et malheureusement les luttes armées pour le contrôle de ses richesses minières est toujours en cours. La “loi Obama” souhaite enrayer cette violence et de grandes firmes de la High Tech prennent les devants tandis que les ONG font pression.

En 2010, le président américain, Barack Obama, a souhaité la mise en place de dispositions relatives à la gestion des minerais en zones de conflit armé. Ces textes, communément appelés « loi Obama », concernent, entre autres, des minerais extraits à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), particulièrement l’étain, le tantale et le tungstène. Son entrée en vigueur est prévue pour le 1er Janvier 2012. En avance, de nouvelles règles viennent d’être adoptées afin de ralentir ou stopper l’achat de minéraux, sources de financement de ces conflits. De grandes firmes comme Apple, HP et Intel ont convenu d’arrêter ces achats ou de s’assurer qu’ils n’alimentent pas des luttes armées.

Elles sont à l’origine de l’Electronic Industry Citizenship Coalition (EICC), basée à Washington et la Global eSustainability Initiative (GeSI), dont le siège est à Bruxelles. Il est question de mettre en œuvre un code éthique de bonne conduite, le « Conflict-Free Smelter » afin d’empêcher que l’achat de ressources minières comme l’étain, le tungstène, l’or ou encore le coltan ne deviennent des sources financières de la guerre civile en cours dans l’est du Congo.

Il faut savoir que la République démocratique du Congo dispose d’importantes ressources minières. Elle fournit par exemple environ 5% de la production mondiale d’étain et fait partie des quatre pays d’Afrique centrale à l’origine de la production de 12,5 et 14% du tantale.

La grande difficulté de cette nouvelle politique est de s’assurer concrètement que les minerais achetés n’ont rien à voir avec le financement des groupes armés tout en empêchant la généralisation de la contrebande. Un système de traçabilité est donc nécessaire. Wendy Dittmer, porte-parole de l’EICC souligne “L’objectif est de savoir clairement d’où viennent nos minerais et de ne pas alimenter des conflits“.

L’idée de marquer les minerais n’est pas simple. Une première opération est en cours dans le nord du Katanga mais il faudra du temps pour la généraliser à d’autres provinces et plusieurs années seront nécessaires.

Ces nouvelles règles ne font pas l’unanimité. Pour certains hommes d’affaires des régions concernées, ces dispositions ne pourront pas mettre fin aux trafics des “minerais de sang”. D’autres possibilités sont possibles (pays limitrophes) pour blanchir ces minerais. Pour d’autres, les artisans congolais vont devoir subir les retombées des contraintes liées à la nouvelle législation tandis que des voix s’élèvent en soulignant que les familles de l’Est congolais qui vivent de ces matières première n’ont pas à endosser la responsabilité des groupes armés.

Il faut également savoir qu’aux Etats-Unis, « Enough Project » a publié en fin d’année 2010, juste avant les fêtes de fin d’année, un rapport sur les minerais des zones de conflit. Un classement des grands de la High Tech a été entrepris. Il se base sur des critères multiples et prend en compte la politique de chaque compagnie pour identifier les fournisseurs, l’origine des minerais ou encore leur politique de développement d’une traçabilité et de travail avec les ONG. Le bilan est guère joyeux puisqu’aucune des compagnies analysées n’a atteint le seuil de 35% d’efforts selon les critères de l’initiative « Enough Project. ».

Electronics companies ranked

HP arrive en tête tandis que Toshiba et SanDisk se positionnent en dessous des 5%. L’analyse Aaron Hall explique que “Beaucoup de ces compagnies n’ont tout simplement pas de politique en ce qui concerne les minerais et sont absentes du processus actuel. Nous tentons d’en contacter certaines, mais sans succès “.

Source : Divers

Jérôme Gianoli

Aime l'innovation, le hardware, la High Tech et le développement durable. Soucieux du respect de la vie privée.

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