Il y a quelques mois, nous vous avons présenté Linky, le compteur électrique communicant nouvelle génération d’ERDF. Actuellement en phase d’essai, son fonctionnement soulève de grâves interrogations de la part de la CNIL. Ses facultés de collecter des informations très précises sur les habitudes de consommation poussent la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) à tirer la sonnette d’alarme.
Linky est un compteur communicant, c’est à dire qu’il peut recevoir et envoyer des données sans l’intervention physique d’un technicien. Il est en interaction permanente avec le réseau, qu’il contribue à rendre « intelligent ». Présenté par ERDF comme le moyen qui “simplifiera votre vie quotidienne : les interventions telles que le relevé des compteurs, le changement de puissance ou encore la mise en service seront désormais réalisées à distance et en moins de 24 heures” ou encore “le premier pas vers une meilleure maîtrise de votre consommation d’électricité“.
Sur cette dernière affirmation les choses ne sont encore limpides car là où la communication avec les systèmes informatiques des producteurs et distributeurs d’énergie, se fera en temps réel, nous n’avons pas trouvé d’explications détaillées pour le client. Linky tient bien à disposition de nombreuses informations relatives à la consommation mais elles sont affichées en appuyant sur les touches de défilement (+ ou -) de son panneau principal. Un emplacement spécifique est aussi dédié aux “Télé-Informations Client USB” mais il se présente comme un « branchement d’un système de pilotage de vos appareils électriques ». Enfin il est également prévu de permettre l’accès à ces données sur des portails internet, “le client maîtriserait sa consommation et pourrait réaliser des économies d’énergie en adaptant ses usages” souligne alors ERDF.
Toutefois, Linky n’est pas une interface capable de piloter le fonctionnement des appareils présents dans un domicile. Il est pour le moment incapable par exemple de mettre en marche un chauffe-eau ou un climatiseur. Linky serait alors, aux yeux de certains, comme un simple moyen de limiter le déplacement des personnels pour la facturation et surtout une opportunité considérable d’améliorer les statistiques de consommation sur le réseau en France.
Pour les producteurs et distributeurs, les choses sont cependant beaucoup plus claires et la CNIL note “Cela peut permettre de déduire des informations très personnelles sur les habitudes des usagers”… “Comme leur horaire de réveil, le moment où ils prennent une douche ou bien quand ils utilisent certains appareils (four, bouilloire, toaster)”.
La CNIL (commission nationale de l’informatique et des libertés) met donc en garde contre les problèmes de respect de la vie privée posés par ce nouveau type de compteur électrique intelligent. La commission souligne que “Ces informations (le relevé de consommation) seront très précises, et seront transmises régulièrement, toutes les 10 à 30 minutes, via un réseau dédié.” ERDF par l’intermédiaire de François Blanc, directeur du projet « Linky », se veut toutefois rassurant en précisant que “Le compteur mesure la consommation globale d’électricité, la puissance que vous appelez, à une fréquence qui ne descendra jamais en dessous du quart d’heure. Ce sont des données qui peuvent être mises à disposition du client pour que celui-ci connaisse mieux sa consommation et soit en mesure de la réduire et de la moduler. Nous n’avons pas moyen de savoir quels sont les usages qui constituent cette consommation totale.“
Un autre problème est aussi mis en avant car “il faudra apporter des garanties sérieuses sur la sécurisation de ces données et leur confidentialité” indique la commission. François Blanc rétorque que “Les données sont systématiquement cryptées, les accès sont tous sécurisés. En aucun cas un client peut depuis son compteur rentrer dans notre système”.
Entre 2012 et 2017, Linky devrait remplacer les 35 millions de compteurs électriques en fonctionnement. Il reste alors la question du coût. Cet investissement de renouvellement à un coût estimé globalement à 8 milliards d’euros selon la FNCCR, coût pris en charge par les usagés. Il comprend la fourniture et la pose des compteurs, la fourniture des concentrateurs et la création des systèmes informatiques de gestion et d’exploitation des données. L’usagé serait donc mis à contribution pour l’aménagement de ce son nouveau réseau exploité par les producteurs et distributeurs d’énergie.