Intel a organisé aujourd’hui entre 16h00 et 18h00 un Tchat où il était possible de poser en direct ses questions auprès de deux experts Intel, Stephan Hilby et Claude Chauvet. De nombreux sujets ont été abordés dont certains aspects de la Green-IT.
Voici quelques interrogations posées par certains d’entre vous (et GinjFo !) et les réponses du premier constructeur de processeur au monde. Très instructif !
Quel est la politique environnemental d’Intel ?
Claude Chauvet : "c’est une question qui mérite une très longue réponse… en quelques mots : intel est le 1er consommateur d’énergie verte aux états unis. Mais en ce qui concerne les processeurs, la recherche intel évolue constamment pour réduire la consommation de silicium (et augmenter le nombre de puces sur une surface données), la quantité d’eau utilisée pour créer un processeur, les rejets environnementaux… de nombreux rapports existent à ce sujet, comme le rapport d’IT@intel : http://download.intel.com/it/pdf/IntelIT_2009APR_English.pdf ou le "corporate responsibility report" (http://www.intel.com/about/corporateresponsibility/report/index.htm) ou les efforts environnementaux (une mine d’or !) : http://www.intel.com/intel/environment/index.htm. A noter : intel a également mis au point la technologie vPro permettant aux entreprises d’utiliser plus efficacement et économiquement leur parc informatique, afin d’éviter de laisser les postes allumés 24h sur 24 et 7 jours sur 7."
Quels sont les critères que vous déployez lorsque vous parlez de Perf/watt ?
Claude Chauvet : "bonjour, on parle du nombre d’instructions traitées par le processeur divisé par la consommation électrique nécessaire pour les effectuer."
Comment Intel aborde la notion de Perf/Watt ? Sur quels critères est étudiée cette question ? Le processeur n’est pas le seul en jeu ? Je pense à l’alimentation, les HDD (SSD), la carte mère, la mémoire..
Claude Chauvet : "C’est une question tout à fait légitime, en particulier sur les ordinateurs portables, mais pas uniquement. Le processeur n’est plus le plus gros poste de consommation électrique. Tous les composants d’un ordinateur sont ciblés, et ce depuis une dizaine d’années – le passage aux écrans LCD, à la DDR2 puis DDR3 (dont certains modèles sont en "low voltage" et consomment encore 10% de moins), puis les SSD dont la consommation est généralement le dixième d’un disque dur classique (et dans certains cas, le centième !), tous les éléments ont permis d’atteindre des chiffres de consommation très impressionnants – avec comme conséquence directe un gain énorme d’autonomie sur les ordinateurs portables, un gain de silence sur les desktops, et un gain en termes de climatisation dans le datacenter ".
Comment établir une comparaison entre deux générations des proc sachant qu’il s’accompagne aussi d’avancées sur d’autres périphériques
Claude Chauvet : "Bonsoir, effectivement, les avancées technologiques se font sur tous les fronts ! intel continue à augmenter les performances des composants réalisés dans ses usines (processeurs, chipsets, cartes mères, SSDs, cartes réseau, cartes graphiques…) et à pousser de nouvelles normes plus efficaces (USB3, S-ATA6…). Mais d’autres éléments ont également fait d’énormes progrès, par exemple les écrans dont la résolution, la luminosité, le rendu et la consommation sont toujours meilleurs. Les blocs d’alimentation sont également toujours plus performants, permettant d’éviter les pertes de puissance dûes uniquement à l’étage de conversion. etc… c’est pourquoi un ordinateur portable d’aujourd’hui sera incomparablement plus "confortable" d’utilisation qu’une machine datant de 2 ou 3 ans. "
Après le 32 nm quelle sera la suite? Et quand? Et jusqu’où dans la miniaturisation?
Stephan Hilby : "Plusieurs facteurs expliquent cela : La gravure en 32nm (plus un transistor est petit, moins il dégage de chaleur car il y’a moins de fuite d’électrons, source de chaleur), la gestion dynamique de nos coeurs (capables de les mettre en veille très rapidement lorsqu’ils ne sont pas sollicités, et donc, de ne pas consommer inutilement), certains jeux d’instructions comme le SpeedStep…
La suite au 32nm est la suivante : Le 22nm est en développement et est d’ors et déjà prévu pour 2011. Ensuite, le 15nm (pour 2013) puis le 11nm (pour 2015) et enfin le 8nm (pour 2017) sont dans nos labos en phase de R&D. Il faudra sans doute de nouveaux procédés de fabrication pour aller au delà, comme les nanotubes de carbone et des interconnexions optiques.
Juste pour info : En 2009, nos processeurs étaient dotés de transistors gravés en 45nm, soit 1 transistor = 2.5 fois la taille d’un virus… On touche à l’infiniment petit."
Concrètement, quel avantage ce 32 nm leur donne-t-il par rapport à la série précédente ? Conso électrique moindre ?
Claude Chauvet : "La technologie 32nm permet d’obtenir de nombreux avantages :
comme les transistors sont plus petits, ils consomment moins, les pertes sont plus faibles, et on peut en mettre plus sur la même surface. Cela permet d’avoir de grandes quantité de mémoire cache très rapide, par exemple. Ensuite, la consommation est directement impactée par la réduction des fuites, ce qui permet à la série 5600 par exemple d’avoir un gain de performance énergétique de 40% par rapport à la génération précédente."
Existe-t-il une limite de TDP qu’Intel refuse de dépasser (130 Watts ?)
Claude Chauvet : "Bonsoir, effectivement 130 watts semble une limite "traditionnelle" commune aux générations successives de processeurs. la raison est en fait assez simple : les processeurs doivent dissiper cette puissance sur une surface de plus en plus réduite. Pour conserver des systèmes de refroidissement "raisonnables" et surtout "standardisés", il est important de garantir une consommation maximale n’excédant pas 130 watts. Cela permet, entre autres, de rafraichir (dans tous les sens du terme !) les serveurs en étant certains que le système de refroidissement déja en place sera dimensionné pour n’importe quel processeur à venir."
Pousser à l’investissement ok mais comment justifier un abaissement des couts d’exploitation en considérant l’achat du neuf et le recyclage du vieux.
Stephan Hilby : "Les principaux postes impactés positivement par un tel investissement sont la consommation électrique qui diminue (puisque nos CPU consomment moins et/ou dégagent plus de performance pour la même enveloppe thermique), le cout des licenses logiciels, et le cout de support (qui tend à exploser quand la machine n’est plus sous garantie)"
Qu’est ce qu’Intel envisage comme possibilités, en dehors la miniaturation, pour les processeurs du futur ?
Stephan Hilby : "La miniaturisation demeure un facteur essentiel pour le futur, car plus les transistors sont petits, plus on peut en mettre sur une surface constante. A partir de là, c’est davantage l’utilisation de ces transistors qui est à l’étude. On a vu l’émergence du multicoeur, on peut s’attendre à l’émergence de plusieurs coeurs, mais chacun dédié à un usage spécifique (ex : 1 CPU, 1 GPU…).
Par ailleurs, nous avons sortis un prototype doté de 48 coeurs interconnectés comme un mini-datacenter et se comportant un peu comme un Cloud Computing. Je vous invite à chercher à SCCC sur Internet (Single Chip Cloud Computing). Il y’a eu un reportage sur cela sur LCI il y’a 2 semaines (émission Plein Ecran)."
Remarque.
Stephan Hilby (Business Development Manager) : Diplômé de l’ISC (Institut Supérieur du Commerce), Stéphan a plus de 12 ans d’expérience dans le secteur informatique. Il commença en 1998 chez IBM France en tant que responsable des ventes de serveur x86 auprès de revendeurs & grossistes. Il a rejoint Intel en 2005 en tant que responsable de la relation avec des éditeurs de logiciels tels que Dassault Systèmes et ESI Group. Il fut en charge de la relation avec VMware au niveau France en 2007, puis au niveau EMEA en 2008. Actuellement Stephan est responsable du secteur Finance ainsi que de l’ensemble du marché et de la stratégie Serveur pour Intel France.
Claude Chauvet : Ingénieur ENSEEIHT, rejoint la branche Telecom d’Intel en 1999 par le biais de la société Dialogic. Consultant technique pour la VOIP et les systèmes dédiés Telecom, il conduit la migration vers des systèmes standardisés (ATCA) à partir de 2002. Se spécialise en 2007 sur les postes clients en entreprise et leur administration centralisée au moyen de la technologie Intel® vPro®. Claude est aujourd’hui Technical Marketing Engineer et accompagne les entreprises dans leur déploiement de parc vPro.