Le débat sur le caractère dangereux de l’usage des téléphones sans fil est loin d’être clôturé. Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l’agence intergouvernementale située à Lyon et associée à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vient de prendre position en classant les champs électromagnétiques et les fréquences radio des téléphones portables comme “potentiellement cancérogènes pour l’homme”. Ils seraient à l’origine de risques accrus de gliomes, un type malin de cancer du cerveau.
Depuis plusieurs années, des préoccupations grandissantes se font ressentir au sujet des conséquences d’une exposition aux fréquences radio et aux champs électromagnétiques, tels que ceux émis par les appareils de communication sans fil. La question est d’une importance capitale aux regards des 5 milliards d’utilisateurs de téléphones sans fil dans le monde et des enjeux économiques.
Du 24 au 31 mai 2011, un groupe de travail de 31 scientifiques de 14 pays s’est réuni au CIRC à Lyon, en France, pour évaluer les dangers potentiels (cancérigènes) à long terme d’une exposition aux fréquences radio et aux champs électromagnétiques. Plusieurs cas de figures ont été étudiés comme l’exposition professionnelle aux radars et aux micro-ondes, l’exposition environnementale associée à la transmission de signaux pour la radio, la télévision et de télécommunication sans fil ou encore l’exposition personnelle associée à l’utilisation des téléphones sans fil.
Les conclusions indiquent un danger limité, mais pas inexistant, pour les utilisateurs de téléphones sans fil. Pour les autres types de cancer il est impossible de tirer des conclusions. Le Groupe de travail n’a pas quantifié le risque et s’est servi de différentes études dont celle nommée « l’Interphone » de 2004 qui montrait une augmentation de 40% de risque de gliomes pour les utilisateurs utilisant en moyenne 30 minutes leur téléphone par jour sur une période de 10 ans. Le Dr Robert Baan, chercheur du CIRC, indique à juste titre que “Concernant les forts utilisateurs, il faut faire attention, car les données épidémiologiques remontent à 10 ans. Entretemps, la technologie a beaucoup évolué et les téléphones modernes ont une émission beaucoup plus basse que les anciens”, a-t-il expliqué. “Il y a une amélioration de la technologie mais il y a aussi une augmentation de l’usage, il est difficile de faire la balance entre les deux”
Dr Jonathan Samet (University of Southern California, USA), président général du Groupe de travail, indique que “les preuves, qui continuent de s’accumuler, sont suffisamment fortes pour tirer une conclusion et soutenir une classification 2B”. Le classement retenu est fondé “sur des études épidémiologiques montrant un risque accru de gliome, un type de cancer du cerveau associé avec l’usage du téléphone portable”. La catégorie 2B est constituée d’agents potentiellement cancérogènes où l’on trouve par exemple dans le un certain nombre de pesticides.
Christopher Wild Directeur du CIRC souligne qu’ “étant donné les conséquences potentielles pour la santé publique de ce classement et ses résultats, il est important que des recherches supplémentaires soient menées dans le long terme. En attendant il est important de prendre des mesures pragmatiques pour réduire l’exposition tels que des dispositifs mains-libres ou SMS. “
Pour la première fois, un organe de l’OMS annonce officiellement que les fréquences radio et les champs électromagnétiques peuvent représenter un danger pour la santé, en soulignant qu’il est très mal connu. Cette position est d’une importance capitale puisque l’utilisation des bornes Wi-Fi, des réseaux cellulaires, de la 3G ou des téléphones sans fil deviennent dès lors potentiellement dangereux pour la santé avec des risques accrus de développement de cancer. Jean Huss, auteur du rapport sur le danger potentiel des champs électromagnétiques et leur effet sur l’environnement , sur la base duquel une résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a été adoptée vendredi dernier indique “Il faut appliquer le principe de précaution et revoir les valeurs seuils actuelles car le fait d’attendre d’avoir des preuves scientifiques et cliniques solides avant d’intervenir peut entraîner des coûts sanitaires et économiques très élevés, comme ce fut le cas dans la passé avec l’amiante, l’essence au plomb et le tabac.“
Rapport : IARC CLASSIFIES RADIOFREQUENCY ELECTROMAGNETIC FIELDS AS POSSIBLY CARCINOGENIC TO HUMANS