Enertech vient de rendre public un rapport sur la “mesure de la consommation des usages domestiques de l’audiovisuel et de l’informatique”. Cette étude a été soutenue financièrement par la Commission des Communautés Européennes, EDF (Electricité de France) et l’Agence Française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME).
Comment et pourquoi.
Elle représente le suivi individuel de 1521 appareils par des enregistreurs de consommation et 200 appareils grâce à un wattmètre portatif. De plus, des mesures de veille (sur l’ensemble des appareils alimentés par prise électrique) ont été réalisées. La finalité est d’appréhender le futur de la demande en électricité en Europe en connaissant aujourd’hui les grands changements qu’elle subit, mieux comprendre pour bien anticiper en quelque sorte.
Un bilan pour l’informatique accablant !
Et autant l’avouer toute de suite, il y a urgence selon ce rapport : ” Trop d’industriels n’ont pas compris le rôle fondamental qu’ils avaient à jouer, et continuent à évoquer le marché et la croissance comme seuls moteurs de leur stratégie. Cela risque vite de prendre l’allure d’un suicide collectif. Ce qui suit va malheureusement en être une illustration……”
Ordinateur : du gaspillage à gogo !
Dans le domaine de l’informatique, les 103 logements sondés disposaient de 124 ordinateurs dont 92 fixes et 32 portables. Il en ressort que la consommation moyenne d’un ordinateur domestique et de son écran, tous types confondus, est de 219 kWh/an ( si l’on prend uniquement en compte les ordinateurs ayant fonctionné) tandis que la consommation moyenne par logement, et donc en considérant l’ensemble de l’équipement en ordinateurs et écrans (hors périphériques toute fois), est de 309 kWh/an.
Plus en détail, il en ressort que la consommation s’établit à 329 kWh/an pour les ordinateurs principaux (ordinateur présentant le plus d’heures de fonctionnement dans un logement) à 91,3 kWh/an pour les ordinateurs secondaires.
En regardant la courbe de consommation sur une journée, Enertech souligne qu’environ 20 % des ordinateurs sont en marche la nuit alors qu’ils devraient TOUS être arrêtés tout en avançant qu’en « cours de journée la situation doit empirer, car de nombreuses machines sont mises en route à partir de 7 h du matin. En cours de journée elles ne sont probablement pas utilisées, mais elles ne sont pas pour autant arrêtées. Nouveau gaspillage….. »
En rapprochant ces données de celles des questionnaires, seulement 6 % des utilisateurs déclarent laisser fonctionner leurs ordinateurs en permanence justifiant pour 51% “pour ne pas avoir à le rédemmarrer” et 46% car “l’unité centrale est en cours de travail”.
De façon sanglante, Enertech donne une explication tranchante ” Faire travailler un ordinateur chez soi, en son absence, n’est pratiqué en grande majorité, sauf erreur, que par ceux qui téléchargent illégalement des musiques et des films sur des sites où ils sont obligés de prendre leur tour dans une liste d’attente. Et effectivement dans ce cas, les ordinateurs sont obligés de tourner pendant de longues heures uniquement pour attendre le moment du téléchargement. Cette pratique, qui est illicite, est très consommatrice d’énergie.“
Solution .
“Un ordinateur DOIT être arrêté dès qu’on ne l’utilise plus. Les machines d’aujourd’hui peuvent être arrêtées et redémarrées autant de fois que l’on veut chaque jour. Une machine arrêtée par le bouton ON/OFF consomme encore (c’est la veille). Pour ne plus rien consommer, il faut alimenter cet ordinateur par une barrette de prises multiples munie d’un interrupteur que l’on coupera une fois les machines arrêtées.”
L’unité centrale : la principale cause de la demande énergétique.
En considérant uniquement l’unité centrale, la consommation électrique moyenne est de 227,3 kWh/an soit 74% de la consommation d’un ordinateur avec écran.
Cette consommation ” a de quoi inquiéter” souligne le rapport. Elle représente une augmentation de 74% sur quatre ans et « il n’est pas certain que cela corresponde à nouveau à un besoin réel des utilisateurs. Il faut rappeler que 90 % des usages de la bureautique est….le traitement de texte, et que pour cela, on ne devrait guère avoir besoin d’une puissance supérieure à 10 W » tout en soulignant « que les ordinateurs portables ont des performances similaires avec des puissances très inférieures, voisines de 20 W.
Un appel est alors lancé vis-à-vis des fabricants “Pourquoi est-ce que les constructeurs d’ordinateurs ne chercheraient pas à réduire enfin la puissance de leur machine, ce qui rendrait beaucoup plus acceptable, d’un point de vue énergétique, la pénétration de l’informatique domestique ?“
Les écrans : LCD c’est mieux mais attention.
Sur l’ensemble des équipements informatiques 27 écrans CRT (tube cathodique) et 63 écrans LCD (écrans plats) ont été recensés. La taille moyenne des écrans CRT est de 15,9” alors quelle est de 17,5” pour les écrans LCD.
L’étude souligne que la taille des écrans a fortement augmenté ces dernières années et la consommation d’électricité d’un écran croit sensiblement avec le carré de sa diagonale (ainsi si l’on passe d’un écran avec une diagonale de 15” à un écran de 17 ”, la puissance est multipliée par 1,3).
La consommation des écrans LCD est 70 % plus faible que celle des écrans CRT (171,1 kWh/an en moyenne pour les CRT contre 46,5 kWh/an pour les écrans LCD). En moyenne, la puissance des écrans plats (LCD), à diagonale réelle égale, est quasiment 3 fois plus faible que celle des écrans cathodiques (CRT).
Les Box Internet : un comportement hétérogène .
Sur l’ensemble des logements suivis (103 logements pour l’informatique), 44 possèdent une « box » et 11 des modems classiques. La consommation moyenne des box est de 70,7 kWh/an et celle des modems de 53 kWh/an.
Toutes les box ne se valent pas au regard de la puissance appelée. Les « Live Box » sont les plus gourmandes avec 10 W, alors que les « Alice box » n’ont besoin que de 8 W soit 20 % de moins.
Ces différences peuvent ” s’expliquer par la nature des services rendus par chaque appareil“». Toute fois Enertech lance une interrogation d’une tout autre nature ” En fonctionnement, la puissance des « Live Box » est en moyenne de 11,8 W sur certains modèles et de 9,1 W sur d’autres en apparence identiques. Sur le site officiel de Orange (fournisseur de Live-Box), il est indiqué qu’il existe deux constructeurs de « Live box » différents mais que les appareils présentent les mêmes caractéristiques. On se demande donc dans ce cas, pourquoi l’un des appareils consomme 30 % de plus que l’autre ?”»
En prenant l’ensemble des périphériques informatiques les routeurs ont la troisième plus forte consommation et en cinquième place viennent les transmetteurs Wi-Fi. Toutefois les « box » qui réalisent ces fonctions de modems, routeur (connexion de plusieurs postes informatiques) et de transmetteurs Wi-Fi disposent alors d’une consommation 1,8 fois plus faible.
Bilan : L’informatique, c’est 7% du budget électrique d’un logement là où il pourrait représenter 10 fois moins.
Au final, un poste informatique consomme en moyenne 396 kWh/an avec un écart type est de 334 kWh/an, ce qui représente 7 % de la consommation totale des logements avec une part maximale de 38%. Une demande énergétique injustifiable pour l’organisme auteur de ce rapport.
Deux solutions sont envisagées:
- Information en profondeur des acteurs industriels, mettre en place les mêmes exigences de conception à la bureautique que ce que les fabricants d’appareils de froid ont fait à partir de 1994.
- Eduquer les utilisateurs afin d’arrêter leur appareils dès qu’ils ne servent plus.
Pour lire plus en détail cette étude et agir en conséquence, c’est ici : Remodece Rapport final .
Source : Enertech